Noir Désir : A Ton Etoile (0048)
Comme presque tous les amateurs de rock et de chanson française de ma génération, j’ai été profondément marqué par Noir Désir. Et ma petite expérience de parolier et chanteur de rock en Français n’a fait que me confirmer un problème dont je me doutais depuis un moment… Passer après eux, c’est dur ! Il y a tout un effort à fournir pour se dégager du son Noir Désir, du chant Noir Désir, de l’esprit Noir Désir. Mickey 3D, Luke ou Deportivo n’ont sans doute même pas essayé… Et ceux qui ont essayé n’y sont pas forcément arrivés non plus. Je ne sais pas si nous y sommes arrivés… Si le cœur vous en dit, allez donc juger par vous-mêmes, en cliquant sur la page MySpace de Where Is Zoria. C’est nous. Je vais laisser le micro de côté ces prochains temps, mais de nouvelles chansons vont suivre et vous pourrez bientôt les entendre sur scène interprétées par les camarades ! Il va sans dire que les anciennes seront toujours au programme…
J’ai découvert le groupe (Noir Désir, pas WZ), à la sortie de 666.667 Club, à la suite d’un célèbre hiver de manifs que leurs chansons prolongeaient avec lyrisme et lucidité. Alors que les hymnes de l’après 68 proclamaient sans hésiter l’avènement de lendemains qui chantent, les paroles de Cantat étaient aussi acerbes que mélancoliques. Fin De Siècle, L’Homme Pressé, Un Jour En France dénonçaient tout ce que nous dénoncions à l’époque, et qu’on n’a pas fini de dénoncer : l’extrême droite, le règne des rapaces de bureau et ces « malentendus », ces « histoires » qui déclenchent les massacres. Mais chacune d’entre elles évitait soigneusement de faire la leçon ou de proclamer des victoires trop faciles.
Pourtant, si dois en retenir une, sur cet album et dans leur carrière, je choisis sans hésiter le chant d’espoir : A Ton Etoile. En faisant alterner slogans et métaphores, Cantat arrive à montrer l’état d’esprit révolutionnaire dans sa dimension pure, dégagée de toute lutte précise. La mention de Marcos, immédiatement associée au très général (la joie, les rêves), gagne elle-même le statut de principe supérieur, très loin de l’individu. De plus, à la dimension politique se joint de toute évidence une histoire d’amour, renforçant encore le sentiment d’urgence dégagé par les paroles. « L’Espoir, qui nous tient »… Comment mieux dire les choses ?
Par contre, je n’arrive pas à déterminer quelle version je préfère. Celle de l’album, tendue comme une complainte grunge de Nirvana me paraît aussi pertinente que celle, toute en cordes, concoctée par Yann Tiersen. Elles s’apportent mutuellement, la tristesse de l’une venant nuancer la rage de l’autre.
Les Paroles :
Sous la lumière en plein
Et dans l'ombre en silence
Si tu cherches un abri
Inaccessible
Dis toi qu'il n'est pas loin et qu'on y brille
A ton étoile
Petite soeur de mes nuits
Ça m'a manqué tout ça
Quand tu sauvais la face
A bien d'autres que moi
Sache que je n'oublie rien
Mais qu'on est face
A ton étoile
Toujours à l'horizon
Des soleils qui s'inclinent
Comme on n’a pas le choix
Il nous reste le coeur
Tu peux cracher même rire
Et tu le dois
A ton étoile
A Marcos à la joie
A la beauté des rêves
A la mélancolie
A l'espoir qui nous tient
A la santé du feu
Et de la flamme
A ton étoile
(Noir Désir, 666.667 Club, Barclay, 1997)
Le Clip :
Bertrand Cantat sur scène avec Yann Tiersen :