Arno : Les Filles Du Bord De Mer (0141)
Ces derniers jours, j'étais à Lyon. Arno aussi, ce qui m'a donné l'occasion de le voir défendre son dernier disque, Brussld, au Transbordeur de Villeurbanne. Toujours d'un goût très sûr dans le choix de ses musiciens, il en tira le meilleur, alternant les moments métalliques, secs, sans fioritures de heavy blues et les ballades au piano. Le tout arrosé d'anecdotes et de maximes laconiques, à prononcer si possible avec l'accent ostendais et quelques grammes dans le sang : "Tout est possible dans les films de cowboys", "Il y a plus de femmes que de Chinois", etc.
Sans grande surprise, les rappels furent, dans l'ordre, Dans Les Yeux De Ma Mère et Les Filles Du Bord De Mer, que je n'avais pas écouté depuis bien longtemps et qui me fit tellement plaisir que je décidai immédiatement de réviser ma liste pour l'inclure, de préférence à Putain Putain que j'avais initialement choisi. Les double-sens paillards de ce tube improbable de Salvatore Adamo font partie des choses les plus jouissives à brailler en choeur. C'est de la musique du nord, avec accordéon et rythmique de balloche. Ça sent la bière, la moule, la frite... Ce n'est pas ce qui se fait de plus fin. Et pourtant, c'est aussi universel et inusable qu'un vieux rock'n roll.
Arno, c'est aussi un paquet de bons souvenirs : un concert fameux lors de la tournée d'European Cowboy (David Bowie jouait hours le même soir, je crois que j'avais fait le meilleur choix) ; une interview haute en couleurs, réalisée avec l'ami Antonin Serre pour pop-rock ; une exposition en son honneur à la Cité internationale universitaire de Paris, où il s'était pointé complètement beurré et passablement gêné par l'hommage qui lui était rendu... Bref, à ce niveau-là, ce n'est pas seulement un chanteur, c'est presque un compagnon de route !
Les paroles :
Je me souviens du bord de mer
Avec ses filles au teint si clair
Elles avaient l'âme hospitalière
C'était pas fait pour me déplaire
Naïves autant qu'elles étaient belles
On pouvait lire dans leurs prunelles
Qu'elles voulaient pratiquer le sport
Pour garder une belle ligne de corps
Et encore
Et encore
Z'auraient pu danser la java
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Chouettes chouettes chouettes
Z'étaient faites pour qui savait y faire
Y'en avait une qui s'appelait Eve
C'était vraiment la fille d'mes rêves
Elle n'avait qu'un seul défaut
Elle se baignait plus qu'il ne faut
Plutôt qu'd'aller chez le masseur
Elle invitait le premier baigneur
A tâter du côté de son cœur
En douceur
En douceur
En douceur
En douceur et profondeur
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Chouettes chouettes chouettes
Z'étaient faites pour qui savait y faire
Lui pardonnant cette manie
J'lui proposais de partager ma vie
Mais dès que revint l'été
Je commençait à m'inquiéter
Car sur les bords d'la Mer du Nord
Elle se remit à faire du sport
Je tolérais ce violon d'Ingres
Sinon elle devenait malingre
Puis un beau jour j'en ai eu marre
C'était pis que la mer à boire
J'lai refilée à un gigolo
Et j'ai nagé vers d'autres eaux
En douceur
En douceur
En douceur et profondeur
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Chouettes chouettes chouettes
Z'étaient faites pour qui savait y faire
(Adamo, Idiots Savants, 1993, Virgin)
La version de l'album :
Sur scène (avec un son pourri) :
Par Adamo :