The Nits : J.O.S. Days (0076)

Publié le par Boris Ryczek

Je viens de passer une petite semaine en famille, loin d’Internet, ce qui explique mon silence persistant sur ce blog… Mais je n’ai pas été sans écouter de musique pour autant. Ma grand-mère et mes tantes étant des fans de musique classique, je suis notamment tombé sur un très beau disque de Couperin par Alexandre Tharaud qui m’a permis de vérifier à quel point le baroque se nichait partout en pop-music, même là où on ne l’attend pas.

 
Quand on écoute J.O.S. Days, des Nits, on a l’impression d’entendre du folk à l’européenne. La voix un tantinet traînante du chanteur et la prédominance de la guitare acoustique tendent à aiguiller dans cette direction (de même que pour certaines ballades de Zita Swoon ou de dEUS). Pourtant, le riff principal ne doit rien à l’Amérique, mais se trouve être une transposition des Baricades Mistérieuses (l’orthographe est d’époque), une pièce pour clavecin de Couperin. Tout le génie des Nits est d’avoir su adapter ce thème sans qu’une seule seconde on tombe dans les clichés de la pop baroque… un genre qui a eu ses chefs-d’œuvre mais qui, avec le temps, est devenu un peu codifié à mon goût.

 
J’aime aussi cette chanson pour d’autres raisons… Elle raconte l’histoire d’un type qui rompt avec la tradition familiale en ne parvenant pas à être le meilleur footballeur du village. Ce thème me touche parce que j’ai toujours eu ce sport en horreur et que dans le pays où j’habite, ce n’est pas si facile à vivre que ça… En France, (et aux Pays Bas, visiblement) un petit garçon se doit d’aimer taper dans une balle puis, quand il grandit, de se passionner pour les victoires et les défaites de son équipe favorite. Je suis incapable de l’un comme de l’autre. Et au-delà de ma simple incompatibilité avec le ballon rond, La Marseillaise et les stades et moi, je trouve que la place de ce sport dans les mentalités devient, année après année, de plus en plus dangereuse, aussi bien par le nationalisme qui l’accompagne que par l’éloge de la concurrence qu’elle véhicule naturellement.

 
Je connais des tas de gens bien qui aiment le foot. Mais ce n’est pas un hasard que Nicolas Sarkozy considère que les prétendues valeurs du sport (t’as vu, je suis plus fort que toi) doivent devenir le nouveau modèle de civisme. Et ce n’est pas un hasard non plus que le patron le plus immonde avec ses employés que j’aie pu subir considère le football comme une sorte de religion intouchable, au point d’interdire aux journalistes la moindre critique à son égard ! Dans le grand dossier sur le Mondial et la culture qu’il nous avait demandé, j’ai dû donc me contenter de remarquer que les chansons préférées des supporters (Go West, I Will Survive, We Are Champions) étaient toutes des hymnes gays… Ce qui bien sûr, n’a rien d’insultant, ni pour les supporters, ni pour les homos, mais m’amuse tout de même !

 
Je ne sais pas si j’écrirai quoi que ce soit avant d’aller voter Voynet, si je ne change pas d’avis d’ici demain. On se retrouve donc après le premier tour. D'ici là... amusez-vous bien !

 

Les Paroles :

 
The war monument is still standing
Between two football fields

With the name of the men killed on the battle fields
 


They were center forwards
Keepers and backs
They thought they would win
 


It's a family tradition
To play in a football team
I have nephews, dumb but tall
Who, still foetus, kicked the ball
 


I've got flat feet
And my knees are weak
They all thought it was time to start my
 


J.O.S. days
J.O.S. days
 


The last war in this country
The fighting lasted four days
I see one name again
 


He had my age
And my first name
He thought he would win like in his
 


J.O.S days
J.O.S. days
 


They had too many boys
Who wanted to be in a team
So in one day, in one match
You had to prove your ability
 


I was knocked out
A real disgrace
A break with the family tradition of the
 


J.O.S. days
J.O.S. days
 


I can live without a finger
I can live without a toe
But the head is necessary


(Hofstede, Klot, Stips, In The Dutch Moutains, 1987, Columbia)
 

 

Deux versions de J.O.S. Days par les Nits :

 


 

 

 

Un amateur jouant la pièce de Couperin :

Publié dans Mille et une chansons

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