Quand je commence à parler politique, j’ai un peu de mal à m’arrêter, surtout si les circonstances m’y encouragent. Mais ce n’est pas une raison pour interrompre la présentation de mes chansons favorites ! J’ai inclus L’Internationale sans hésiter parce que je trouve son message global plus que jamais pertinent, malgré quelques archaïsmes dans le détail de ses paroles. L’actualité nous donne amplement matière à y réfléchir…
Je viens de voir Bayrou à la télé. Il a l’air de bonne volonté, Bayrou. J’apprécie à leur juste valeur les hommes de droite qui s’engagent contre Sarkozy. Mais quand il se présente comme un rassembleur, ça me fait doucement rigoler ! Le Capital et les travailleurs n’ont pas les mêmes intérêts : ça n’a jamais été le cas et ça ne le sera pas tant que le Capital n’appartiendra pas aux travailleurs. Que l’Etat puisse jouer un rôle d’arbitre entre les deux, c’est incontestable, mais qu’il puisse réconcilier tout le monde autour d’un grand barbecue national, c’est évidemment chimérique. L’équilibre que le candidat de l’UDF propose d’établir ne garantirait, à mon sens, qu’une paix sociale supérieure à celle que promet Sarkozy. Et encore, à une stricte échelle nationale, et au prix d’un contrôle tout aussi injuste de l’immigration…. Je n’y trouve aucune solution économique viable.
Sous une présidence Bayrou, les entreprises auraient par exemple droit à d’énormes déductions fiscales si elles embauchent. Mais on ne résoudra pas le problème du chômage ainsi. D’une part, techniquement, parce que le nombre d’emplois nécessaires ne va pas cesser de diminuer. D’autre part, parce que les entreprises trouveront toujours des employés moins chers et plus flexibles qu’ici, à moins que nous ne consentions à revenir à des salaires et un code du travail similaires à celui de la Malaisie ! Un état en lutte contre le chômage, c’est un état en lutte contre les intérêts du patronat. De même qu’un état désireux de résoudre le problème du logement s’attaquera d’abord à la spéculation immobilière…
Avec la mondialisation, la lutte des classes a changé de forme, mais pas de nature. Et la balance des pouvoirs penche plus que jamais du côté des puissances financières qui se livrent une concurrence impitoyable – il est vrai – mais savent également défendre leurs intérêts grâce à des alliances internationales de plus en plus soudées, qui leur permettent de faire échouer la plupart des traités nécessaires à la population, y compris dans des domaines aussi cruciaux que la santé ou l’environnement. Quelle est la réponse des travailleurs ? Aucune : l’altermondialisme ne fonctionne toujours pas et plus que jamais, nous vivons, partout dans le monde, une période de repli sur soi, sur son pays, sa religion, son équipe de foot… D’où la pertinence, à mon sens, de l’hymne international le plus symbolique qui ait été composé à ce jour et qui, lui, rassemble réellement les militants de la Gauche du monde entier ; sauf Ségolène Royal, qui a décidé qu’il fallait désormais lui préférer la Marseillaise, dans les meetings du PS.
La version de Robert Wyatt présente l’intérêt d’être, en plus, intéressante musicalement, dotée de ce mélange d’exigence et de bonhomie qui caractérise l’ensemble de son œuvre. On croirait presque entendre une comptine pour enfants, avec un as des as à la batterie ! Son adaptation des paroles françaises s’écarte elle aussi, assez judicieusement, de celle traditionnellement interprétée dans les meetings socialistes britanniques.
Les Paroles :
Behold them seated in their glory
The kings of mine and rail and soil
What have you read in all their story
But how they plundered toil?
The fruits of the people’s toil are buried
In the strongholds of the few
In working for their restitution
The people only claim their due
It’s the final conflict
Let it stand in its place
The International Party
Shall be the human race
It’s the final conflict
Let it stand in its place
The International Party
Shall be the human race
No Saviours from on high deliver
No trust have we in prince or peer
Our own right hand the chains of must shiver
Chains of hatred, of greed and fear
Ere the thieves will out with their booty
And to all give a happier lot
Each at the forge must do his duty
And strike the iron while it's hot
It’s the final conflict
Let it stand in its place
The International Party
Shall be the human race
It’s the final conflict
Let it stand in its place
The International Party
Unites the human race
(Pottier – Degeyter, adaptation : Wyatt, 45 tours, 1982, Rough Trade)