The Bangles : Eternal Flame (0051)

Publié le par Boris Ryczek

Pour un esprit sérieux, faire voisiner ce tube FM avec le jazz le plus exigeant qui soit tiendrait sans doute de la faute de goût. Mais je ne suis pas très sérieux en matière de musique. Et les musiques les moins sérieuses, a priori, sont souvent pour moi aussi délectables que les plus élaborées. Aussi tiens-je cette innocente ballade pour un des meilleurs slows (si ce n’est le meilleur, avec Avalon) des années 80. Je l’ai réentendue il y a quelques mois sur le quai d’une gare de RER, sans doute grâce à la reprise opportune (-iste) d’un groupe de demoiselles connues sous le nom d’Atomic Kitten. Et j’ai pris une claque.

 

N’ayant pas entendu la chanson depuis longtemps, j’ai pu envisager sa richesse avec un regard neuf. Dans Eternal Flame, il n’y a pas seulement un couplet et un refrain, mais deux types de couplets qui aboutissent au même refrain avec une logique assez subtile. Avec ça, les arrangements surprennent. Pendant au moins deux minutes, on échappe à tous les clichés de la décennie. On entend un orgue, des violons, une contrebasse, des chœurs : un drapé qui rappelle les années 60 : les Beatles, les Beach Boys, Franki Valli, Burt Bacharach… Ce n’est qu’à la toute fin que débarquent le feu d’artifice et le coup de batterie dans la guimauve. Cela dit, je le trouve tellement bien amené qu’il en devient puissant.

 

Mais le grand mérite revient indiscutablement à la chanteuse. Pour interpréter de telles platitudes avec une telle pureté, une telle conviction, il faut un sacré talent artistique ! Comme disait je ne sais plus qui (Jarvis Cocker ou Neil Hannon) à propos de Scott Walker, cette fille-là pourrait chanter le bottin, elle arriverait quand même à vous tirer des larmes… Comme je connais mal les Bangles, à part Walk Like An Egyptian, je ne sais pas vraiment ce qu’il en est, mais je ne serais pas surpris si on m’apprenait qu’elle recèle quelques merveilles.

 

PS : Incroyable ! J’ai rédigé ce billet dans le métro, presque mot pour mot, en me rendant chez mon père. Or, à peine arrivé, je lui en parle et il me sort sa dernière trouvaille : Le Dictionnaire Snob Du Rock, un ouvrage de deux rock critics américains rempli d’informations confidentielles qui du coup ne le sont plus ! Et qu’est-ce que je lis dedans ? Loin d’être l’invention d’un quelconque producteur, les Bangles étaient issues du Paisley Underground, un mouvement alternatif de Californie du Sud où elles côtoyaient des groupes comme Green On Red ou les Dream Syndicate, des fans de psychédélisme, de blues et de pop anglaise. Tous ces braves gens prenaient de la drogue ensemble et vivaient plus ou moins en communauté. Bref, il faut absolument que me trouve une bonne compilation…

 

Les Paroles :

 

Close your eyes
Give me your hand, darling
Do you feel my heart beating


Do you understand
Do you feel the same
Am I only dreaming
Is this burning an eternal flame

 

I believe
It's meant to be darling
I watch you when you are sleeping
You belong with me


Do you feel the same
Am I only dreaming
Or is this burning an eternal flame

 

Say my name
Sun shines through the rain
A whole life
So lonely
And then you come and ease the pain


I don't want to lose this feeling

 

Say my name
Sun shines through the rain
A whole life
So lonely
And then you come and ease the pain


I don't want to lose this feeling
Is this burning an eternal flame

 

Close your eyes
Give me your hand darling
Do you feel my heart beating


Do you understand
Do you feel the same
Am I only dreaming
But is this burning an eternal flame

 

(Hoffs – Kelly – Steinberg, Everything, 1988, Columbia)

 

Le Clip  :

 

Publié dans Mille et une chansons

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S
Mmmmh, tu m'impressionnes, mon bon webmestre. Je ne pensais pas écouter un jour attentivement ce morceau, et encore moins y trouver quelque chose. Mais bon, ça reste noyé dans du gros lourdingue (d'aileurs, je suis pas d'accord avec toi sur la canteuse), et le dernier tiers est inaudible.
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T
Oh ben oui... j'admets que la nullité eighties engendre un je ne sais (n'importe) quoi de nostalgique. Ca doit être le privilège de l'adulte qui se remémore, le malheur étant toujours de se justifier. <br /> Ce n'est pas tant un choix "subjectif" qu'un choix affectif.  
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G
Oh ben non... J'admets que tes arguments sont "recevables", mais rien à faire, je n'aime pas cette chanson. Simple question de subjectivité. <br /> Par contre, je trouve culotté d'en faire un des meilleurs (si pas le meilleur) slows des années 80's. Tu aurais parlé de Carrie, Every breath you take, Nothing else matters, Never tear us apart, With or without you, Still loving you, etc., personne n'aurait été d'accord non plus, mais il s'agit de chansons qui dégagent un petit quelque chose en plus (de l'emphase exagérément pompeuse de Europe en passant par la sensibilité de Sting ou l'atmosphère aigre-douce de U2). <br /> Tout ça pour dire que je n'ai aucune raison valable de critiquer ton opinion (ce n'est pas à moi qu'on va sortir le couplet sur la subjectivité en matière de musique), mais elle m'a interpellé sur ce coup-ci...
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